Nancy Florence Savard / La légende de Sarila : Histoires de détermination | Cinéma | Voir
Déjà vendu dans une vingtaine de pays, La légende de Sarila, film d’animation en 3D réalisé par Nancy Florence Savard, a été entièrement conçu au Québec.
Si ce conte pour la famille puise aux sources de la culture innue, La légende de Sarila n’est cependant pas l’adaptation d’un récit de tradition orale. Ce sont les auteurs Pierre Tremblay, professeur d’histoire de l’art ayant vécu dans le Grand Nord, et Roger Harvey qui ont proposé leur histoire à Nancy Florence Savard en 2001. Déjà emballée par le scénario, la réalisatrice a plongé dans un projet de longue haleine qui allait être parsemé de défis, à l’image de la quête que vivent les principaux personnages de son film.
«Il y a une espèce de règle non écrite dans l’industrie qui veut que généralement, avant de pouvoir se lancer dans un projet de long métrage, on doive d’abord faire quelques courts métrages. Lorsque Pierre et Roger m’ont approchée, je terminais mon tout premier court qui s’échelonnait déjà sur une période de quatre années. Je les ai tout de suite prévenus qu’avant d’en arriver à un film, ils auraient à faire preuve de patience», affirme, tout sourire, la cinéaste.
De fil en aiguille, l’ambitieux projet prenait forme, mais la possibilité de coproduction avec des partenaires étrangers, dont l’Angleterre, n’aboutissait jamais. Non pas par manque d’intérêt, mais plutôt à cause de malheureux concours de circonstances. «De retour ici, on nous a proposé de faire le film dans les deux langues officielles, ce qui nous donnait un nouveau coup de main pour le financement. Cela nous a, entre autres, menés à notre association avec le studio Modus FX, où toutes les animations ont été créées de A à Z.»
Dix ans plus tard, la qualité de cette production totalisant un budget de 8,5M$ a de quoi rendre fière sa réalisatrice. «Au bout du compte, je considère que le temps a joué en notre faveur. Plus on franchissait les étapes, plus les techniques de 3D se perfectionnaient et les coûts diminuaient», confie-t-elle. L’agréable rendu des animations, où la 3D n’est jamais agressante – un souhait cher à l’équipe de production –, se prêtait très bien à l’univers de Sarila.
«Je me suis rendue dans le Grand Nord, à mes frais, en compagnie de mon directeur artistique Philippe Arseneau Bussières, pour capter l’essence de cet environnement et de cette culture. La toundra, c’est de la profondeur de champ. Les avalanches, les crevasses et les tunnels favorisaient le travail des textures. Je crois que ça nous a permis d’obtenir une signature artistique forte.»
Également productrice, conceptrice et femme d’affaires aguerrie, Nancy Florence Savard espère que l’aboutissement de La légende de Sarila ouvrira, pour le Québec, un sillon dans le marché du film d’animation numérique en 3D. Ce qu’elle désire surtout avec ce récit où de jeunes Inuits risquent beaucoup afin de mettre un terme à une malédiction causant la famine dans leur village, «c’est de pouvoir mettre en valeur cette communauté, dont l’image projetée dans les médias est souvent peu heureuse».